Évolution professionnelle. Un nouveau droit malmené
Les belles ambitions du conseil en évolution professionnelle (CEP), un outil d’orientation et de formation créé en 2013, pourraient ne pas profiter pleinement aux demandeurs d’emploi. Aucun moyen n’a été dégagé pour son financement… Et Pôle emploi ne joue pas le jeu.
Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) inventé par les partenaires sociaux et créé par la loi de sécurisation de l’emploi de 2013 reste encore mal connu. D’où la vaste campagne de communication lancée le 21 septembre sous la tutelle du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) avec le slogan « Osez l’évolution professionnelle » (www.mon-cep.org). Ce nouveau droit gratuit et ouvert à tous les actifs, en emploi ou au chômage, est conçu comme un outil qui, explique Catherine Perret, secrétaire confédérale CGT en charge de la formation professionnelle « permet de trouver un premier niveau d’écoute et d’information pour réfléchir à son activité professionnelle, s’interroger sur son métier, son travail ». Puis, dans un second temps, si besoin est, le CEP doit accompagner les actifs dans la recherche d’un projet d’évolution professionnelle. « Il doit encourager les gens à se poser les bonnes questions, à rechercher l’envie, le moteur de leur évolution professionnelle, déclare Dominique Schott. Nous devons être attentifs à ne pas retomber dans la prescription de « formations-parking » qui visent l’employabilité à court terme ». Un point de vue que partage Catherine Perret pour qui l’enjeu du CEP, s’il est effectivement prodigué en ce sens, doit aider les gens « à retrouver prise sur leur travail ». Enfin, la troisième étape, la plus technique, est celle de la concrétisation du projet d’évolution. A cette fin, le secteur de l’orientation et de la formation fourmille d’outils. Mais ils sont éparpillés, proposés par une multitude d’acteurs – dont l’action est souvent cloisonnée – et de ce fait, pas toujours accessibles. Avec le CEP, les partenaires sociaux ont l’ambition d’articuler et rendre plus cohérents cet ensemble pour les utilisateurs.
Le CEP est exercé par des réseaux labellisés : les Opacif et le fongécif pour les actifs, CAP emploi pour les personnes handicapées, l’Apec, les missions locales et Pôle emploi pour le volet demandeurs d’emploi. En théorie, quel que soit leur statut, les actifs peuvent s’adresser à chacun d’eux. « On a voulu privilégier la proximité et harmoniser les pratiques, confirme Dominique Schott, le président (FO) du FPSPP. On part de loin. L’année 2015 a servi à cela : organiser ce nouveau droit, son contenu et former des conseillers ». Seulement, le CEP souffre d’un premier handicap : aucun moyen n’a été dégagé pour assurer son financement. Il faut donc compter sur la bonne volonté des organismes habilités. Tous, a priori, jouent bien le jeu.
Seul Pôle emploi semble vouloir faire bande à part alors même qu’il avait revendiqué l’exclusivité du dispositif. (…)
La suite de l’article de Marion Esquerré, publié au côté d’une chronique prud’homale dans la rubrique « Emploi » de l’Humanité dimanche du 27 octobre, à télécharger ici.