Syndicaliste. Les nouvelles voies de la reconversion

L’engagement syndical ne se conçoit plus sur un mode sacrificiel. Pour le renouvellement militant, les organisations, avec leurs partenaires, cherchent à faciliter la reconversion des permanents.

Après 16 ans d’engagement à la CFDT métallurgie en Picardie, dont plus de 10 à temps plein, à la surprise générale, Sébastien Clin a récemment réintégré son entreprise, Stelia Aerospace, filiale d’Airbus Group. Lucide, cet ex-syndicaliste s’est dit qu’il serait plus aisé de se reconvertir à 43 ans que 6 ans plus tard, à l’issue d’un second contrat de détachement. Il a bénéficié d’un accord de droit syndical « qui sécurise le départ des salariés vers leur syndicat mais aussi leur retour », résume-t-il. Au début et à l’issue de leurs mandats, les militants sont reçus en entretien pour étudier leur évolution professionnelle dans l’entreprise, au regard de la teneur de leurs activités syndicales. Pour sa part, Sébastien apprend aujourd’hui le métier de manager de livraison auprès d’une tutrice, un poste assuré par des techniciens de niveau bac+2 alors qu’il n’a qu’un CAP. En parallèle, il a entamé des démarches pour valider les compétences acquises avec le syndicalisme. « Symboliquement, c’est important pour moi de les faire reconnaître », explique-t-il.

TRAVAIL DE DEUIL

La loi Rebsamen relative au dialogue social (août 2015) prévoit la création d’un dispositif de reconnaissance de l’engagement militant. Mais le dossier n’a pas avancé. Pourtant, la demande est là. « Cette problématique fait écho à notre réflexion sur la sécurité sociale professionnelle, insiste Jean-François Nation, conseiller confédéral à la CGT. Comment envisager, dans un parcours de vie, des temps qui permettent de s’épanouir ailleurs que dans son métier, sans se retrouver enfermé définitivement dans une situation qui peut mener jusqu’à l’épuisement ? ». Dans une société où l’engagement ne se conçoit plus selon un mode sacrificiel, la question est cruciale pour le renouvellement militant. (…)

Suite du papier de Marion Esquerré publié dans la rubrique « Emploi » de L’Humanité Dimanche du 13 octobre 2016, à lire ICI, avec un papier juridique sur le statut de stagiaire.