Cerveau. Quel travail malgré le handicap ?
Les troubles cognitifs, invisibles mais bien réels, sont mal pris en compte dans le monde du travail. Mais ils n’empêchent pas une activité « ordinaire », à condition d’un accompagnement qui assure à celui qui en souffre un emploi sur le long terme. Les associations se battent pour ces droits.
En France, on compte environ 150 000 accidents vasculaires cérébraux par an et autant de victimes de ces accidents – mais également de certaines maladies – conservent des lésions cérébrales plus ou moins graves qui affectent leurs capacités cognitives. « Aucune ne présente exactement les mêmes séquelles, explique Jean-Michel Laborde, administrateur de l’Association des familles des traumatisés crâniens et cérébro-lésés (AFTC) d’Île-de-France. Mais des troubles sont récurrents : vulnérabilité au stress, très grande fatigabilité, parfois une forme d’inhibition et de manque de confiance, des difficultés d’organisation, de concentration, d’élocution, un comportement qui ne colle pas aux stéréotypes… ».
« J’ai tous les dys »
Yasmina Mana, tout juste 60 ans, vit ces difficultés depuis sa naissance. Elle est née avec une maladie congénitale empêchant une bonne irrigation de son cerveau, puis, à 36 ans, elle a été victime d’un AVC. Elle était la « maladive » de la famille, raconte-t-elle, celle qui souffrait toujours de quelque part – la tête et le ventre, terriblement -, celle qui avait « deux mains gauches », celle qui peinait à l’école, capable de lire le matin mais ne comprenant plus rien l’après-midi. « J’ai tous les dys ! » résume-t-elle en rigolant. Dyspraxie, dysphasie… autant de troubles cognitifs engendrés par sa maladie et qui l’ont empêchée de jouir pleinement de ses capacités intellectuelles. La maladie a été découverte au cours de l’opération de son cerveau, après son AVC. Mais il a fallu encore presque vingt ans pour que Yasmina bénéficie d’une prise en charge adaptée qui lui permette de reconstituer le puzzle de sa vie, de comprendre ses handicaps et finalement, depuis cinq ans, de travailler avec plaisirs.
Elle est rattachée à un « Esat-hors les murs » géré par l’Association pour l’insertion des personnes handicapées (Ladapt), qui l’envoie en mission plus ou moins longue au sein d’entreprise « ordinaires » volontaires. En amont du détachement, les activités susceptibles de lui être confiées et les conditions de travail (environnement sonore, organisation du travail, intensité de la production, etc) sont évaluées au regard de ses besoins afin que l’intégration dans le collectif de travail se déroule au mieux. (…)
Pour lire la suite de l’article de Marion Esquerré, publié le 6 avril 2017 dans la rubrique « Emploi » de l’Humanité dimanche, c’est ici.