Apprentissage. Mirage ou levier de la lutte contre le chômage ?
MAGAZINE. Placé au premier rang des instruments de lutte contre le chômage des jeunes par le président Hollande, ce mode de formation présente des qualités.
Il peut servir d’accélérateur pour accéder à un emploi, bien que plus on monte en niveau de qualification, moins l’on constate de différences, à diplôme égal, entre les jeunes formés par l’apprentissage et ceux ayant suivi un cursus classique.
De même, il peut être un bon outil pour remettre dans les rails de l’emploi des jeunes sortis ou en passe de sortir du système scolaire sans qualification. Mais là encore, comme le souligne Emmanuel Sulzer, chercheur au Cereq, plutôt que de financer les contrats d’apprentissage à coup d’exonérations sociales et fiscales offertes aux entreprises, ne serait-il pas plus efficace d’utiliser l’argent public à développer les structures de remédiation telles que les Ecoles de la deuxième chance ou les micro lycées qui accompagnent au plus près les jeunes « décrocheurs » ?
D’autant que l’apprentissage ne peut pas être la solution au chômage des jeunes, pas plus que la formation en général ne permet de lutter contre le chômage. « Certes, aujourd’hui, le diplôme protège mieux du chômage, rappelle Sabina Issehnane économiste au Centre d’études de l’emploi. Mais on ne peut pas affirmer que former des jeunes permet de leur trouver un emploi ». Dit autrement, la formation ne permet pas de réduire la « file d’attente » des jeunes demandeurs d’emploi. En revanche, elle permet à ses bénéficiaires de mieux se placer dans cette « file d’attente ». Car, la principale cause du chômage, c’est d’abord… le manque d’emplois.
Marion Esquerré s’est penchée sur le sujet dans la rubrique « Au travail » qu’elle anime pour l’Humanité Dimanche.
A lire dans le numéro 496 du 28 janvier 2016 : HD 496 – Au travail – Apprentissage et marché du travail