Eric Delemar : « Si on respectait les droits des enfants, on considérerait aussi mieux ceux qui s’en occupent »
Le Défenseur des enfants, revient sur les recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. En matière de mise en œuvre de la Convention internationale des droits de l’enfant, la France peut mieux faire.
Les Pros de la Petite Enfance : Parmi les recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, l’une concerne les violences faites aux enfants… Comment réagissez-vous quand vous entendez un haut fonctionnaire dire aux parents : « La méthode, c’est deux claques et au lit ! » (1) ?
Eric Delemar : La loi de juillet 2019 est claire : la violence n’est pas un mode d’éducation. La loi prévoit que les titulaires de l’autorité parentale doivent l’exercer sans violence et ne doivent pas utiliser la violence physique verbale ou psychologique, les châtiments et l’humiliation à l’encontre de l’enfant. Ce qui ne veut pas dire que l’éducation se fait sans limites. Le simple fait d’être plus fort physiquement, nous autoriserait à attraper, frapper, marquer le corps des enfants ! Il faut encourager les adultes à adopter les bonnes pratiques et prôner l’exemplarité. Ce qui est d’autant plus regrettable, c’est que toutes les avancées scientifiques rappellent que la violence a des effets de sidération, de stress, de perte de confiance en soi dans les apprentissages et de risque de reproduire des schémas de violence. Quant à l’article 19 de la Convention internationale des droits enfants, il dit clairement que l’État veille à lutter contre toutes les formes de violences faites aux enfants, dont les violences éducatives ordinaires. Ce n’est pas un hasard si le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a exhorté la France à redoubler d’efforts sur ce point.
La loi de 2019 est malgré tout un progrès en matière de droit des enfants. Quels sont les autres progrès que vous avez pu observer depuis la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant par la France en 1989 ?
Grâce à tous les rapports publiés sur les violences commises envers les enfants, notamment sexuelles, nous n’avons jamais autant entendu parler des droits de l’enfant dans les médias et le gouvernement a réagi. On a eu un plan de lutte contre les violences pour mieux les repérer, mieux former, mieux organiser les interventions. On a voté différentes lois comme celle du 21 avril 2021 pour lutter contre les violences sexuelles ou encore publié des décrets comme le décret qui reconnaît l’enfant comme victime à part entière et non plus simple témoin des violences conjugales… Le cadre législatif et des programmes du gouvernement évoluent plutôt dans le bon sens.
>>> Lire la suite sur le site des Pros de la petite enfance