Elle brise le tabou de l’inceste dans les classes
Avec son association Mille Miettes, la chanteuse Mai Lan se consacre désormais à la prévention des violences sexuelles auprès des enfants. Reportage.
Souvenez-vous, je vous ai annoncé qu’une personne allait venir pour reparler des notions vues en enseignement moral et civique
, rappelle l’enseignante en accueillant ses élèves de CE2. Ce lundi matin, ils sont un peu surpris par la présence d’adultes dans leur classe, dont Mai Lan au fond de la classe, son piano à portée de main.
Depuis la publication de son album Le loup, en 2021, dans lequel elle raconte à hauteur d’enfant l’inceste dont elle a été victime à l’âge de 7 ans, la chanteuse a délaissé les salles de concert pour se consacrer à la protection de l’enfance devenue à ses yeux une priorité
. En septembre, elle a créé l’association Mille miettes (1) qui s’est donné pour mission de prévenir les violences sexuelles, notamment en milieu scolaire, comme dans cette école du XVIIIe arrondissement de Paris.
Comment ça va tout le monde ?
interroge-t-elle dès que les enfants l’ont rejointe avant de se présenter et d’expliquer son métier de chanteuse, très pratique
pour exprimer ses émotions. Puis, elle se met à leur parler d’une chanson en particulier. Ça parlait d’une peur que je ne ressentais pourtant pas à ce moment-là, relate-t-elle. Et puis j’ai compris. Cette émotion remontait à mes 7 ans dans la maison de mes grands-parents…
Elle prend alors son clavier et se met à chanter Le loup, instaurant un moment intime instantanément.
« Ça s’appelle un traumatisme »
Les enfants n’en perdent pas une miette. Émus, ils applaudissent avec vigueur. La confiance s’est installée, permettant à Mai Lan de dérouler sa séance parfaitement orchestrée. Avec simplicité et vérité, elle leur dit que son grand-père a agressé son corps en touchant ses parties intimes. Est-ce que vous savez ce que sont les parties intimes ?
demande-t-elle. En bas du ventre
, tente timidement une élève. Avec finesse, elle balaye la gêne et les invite à les nommer par leur nom.
Les fesses, le pénis, la vulve, les seins, la bouche… Quand quelqu’un touche aux parties intimes d’un enfant, ça s’appelle une agression sexuelle et c’est puni par la loi. Si c’est quelqu’un de sa famille, ça s’appelle de l’inceste
, continue-t-elle avant d’évoquer les marques laissées dans la tête. Ça s’appelle un traumatisme. J’ai mis du temps à me débarrasser de ma peur.
Les réflexions fusent obligeant l’institutrice à rappeler la règle de communication.
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