La violence a-t-elle un sexe ?

Un homme battu par sa femme. Le témoignage de Maxime Gaget a fait grand bruit au printemps. Dans Ma compagne, mon bourreau (Michalon, 2015), il se met à nu, expose ses blessures, le drame intime qu’il a vécu pendant de longs mois. « Expérience au bout de l’horreur », « enfer », « calvaire » : en réponse, la presse rivalise alors de qualificatifs pour traduire la monstruosité d’un tel acte. Il faut dire que ce genre de faits divers fascine la société autant qu’il nourrit l’imaginaire des artistes.

Psychopathe ou paumée solitaires dans Basic Instinct et Nikita, duos vengeurs dans Thelma et Louise, Baise-moi et La Cérémonie, banlieusardes rebelles dans Bande de filles… Les destins de femmes violentes jalonnent l’histoire du cinéma. Mais, dans la vraie vie, elles sont beaucoup plus rares. Les tortionnaires, les meurtrières et les délinquantes sont des figures d’exception dans un paysage encore largement dominé par l’agressivité des mâles. « Malgré l’évolution du statut des femmes, il y a dans la distribution de la violence quelque chose qui résiste », constate le sociologue Laurent Mucchielli.

Un article de Marion Rousser paru le 14 janvier 2016, à lire sur lemonde.fr